Catégorie : Presse

MidiLibre le 8/09

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Une du Midi LibreAprès l’épisode de grêle ravageur du 20 juillet dernier, Alban Eymard, 27 ans, avait perdu toute sa récolte à Saint-Julien-de-Peyrolas. Il évoque sa situation et un élan de solidarité.

Depuis le 20 juillet, où en sont vos démarches pour la reconnaissance de vos dommages ?

On a fait une déclaration de revendications de calamité agricole aux Jeunes agriculteurs qui doit ensuite la transmettre à la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer). Dès que j’ai reçu le formulaire, je l’ai renvoyé dans l’heure. La date limite de déclaration était fixée au 14 août. Aujourd’hui, je n’en sais pas plus. Il faut dire que j’ai eu pas mal de travail entre-temps.

Le préfet de Région a pris le 2 septembre des mesures d’aide aux sinistrés. Mais les pertes de récolte ne pourront faire l’objet d’une reconnaissance au titre des calamités agricoles selon cet arrêté préfectoral. Êtes-vous au courant ?

Non je n’ai pas vu cet arrêté. Mais on sait depuis le début que pour les pertes de récoltes, les calamités agricoles ne marchent pas, car c’est assurable. On ne peut donc pas être indemnisés dans ce cadre. Mais c’est différent pour les pertes de fonds. Pour moi, ce sont par exemple les piquets tordus, les arbres qui sont tombés sur la vigne, j’en ai une cinquantaine, quelques ravinières. Normalement ça devrait passer en calamité agricole, mais sur quel montant ? Parce qu’une aide sur un crédit, à taux zéro par exemple, ça ne règle pas mon problème, ça ne fait que le repousser. La perte sera toujours là dans deux ou trois ans et il faudra la régler.

La préfecture de Région indique que des missions d’enquête ont été menées sur le terrain pour évaluer les pertes de fonds. Avez-vous reçu la visite d’un expert venu faire un rapport ?

J’ai appelé la chambre d’agriculture du Gard. On m’a répondu qu’on ne pouvait pas venir chez moi. Car sinon, il fallait aller chez tout le monde ! On m’a dit qu’une étude avait été faite par commune. Mais moi, je n’ai jamais vu de technicien.

Dans quel état se trouve votre vignoble ?

On a dû le retraiter quatre fois à la bouillie bordelaise contre le mildiou, alors qu’il nous restait que deux traitements à faire. Comme il a beaucoup plu après la grêle et que les vignes avaient été hachées le champignon s’est installé. Il a aussi fallu dégager les arbres, pendant quinze jours on a fait que ça. On a passé 50 litres d’essence pour les tronçonneuses. Et encore, tout ce qui est tombé et qui ne gênait pas, on l’a laissé sur place.

À combien évaluez-vous votre manque à gagner ?

Entre 100 000 € et 150 000 €, mais c’est difficile à évaluer car il faut retailler les plantiers (jeunes plants pas encore en en production, NDLR) et je ne suis pas sûr qu’ils repartent tous. S’il y en a qui meurent, il faudra attendre quatre ans pour que les nouveaux plantiers produisent.

Une mesure a été prise autorisant les viticulteurs à acheter des vendanges et / ou du moût pour compenser les récoltes. Vous allez le faire ?

C’est intéressant pour ceux qui ont des marchés de bouteille. Vu que je travaille en négoce au vrac, pour moi, ça ne sert pas à grand-chose.

Il y aura aussi une prise en charge partielle des cotisations sociales par la MSA et un dégrèvement partiel de la taxe foncière. Cela va dans le bon sens ?

C’est partiel, on ne sait donc pas à quelle hauteur. Et cela veut dire que sur des parcelles où je n’aurais pas de production, je vais payer des impôts. Moi, il me faudrait un dégrèvement total. La proposition de dégrèvement a été faite par les mairies auprès des services de l’État. Le maire de Saint-Julien-de-Peyrolas l’a fait sans qu’on le lui demande. À Saint-Paulet-de-Caisson, le maire a dit oui aussi mais à condition que l’État paye la différence, car cela représente un manque à gagner pour la commune.

Au lendemain du sinistre vous étiez inquiet de la réaction de votre banque, puisque vous veniez d’emprunter pour vous installer en tant qu’exploitant ?

Finalement, ma conseillère est venue dans les 15 jours. Elle a tout de suite appelé sa supérieure et elles ont décidé de reporter mes traites même pour mes prêts à court terme pour la trésorerie, pendant un an je n’aurai que les intérêts à payer mais je rembourserai toujours mon capital sur 10 ans. L’année prochaine, ce sera plus compliqué pour la trésorerie. Pour l’instant, je n’ai pas de rentrée d’argent, pas de produit. Mes premières rentrées d’argent n’arriveront sur le vin qu’en décembre 2015.

Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Le maire de Saint-Julien-de-Peyrolas avait organisé des journées de solidarité. Il a été formidable. Une cinquantaine de bénévoles est venue m’aider à attacher des vignes, tronçonner, tomber le raisin sur les plantiers, refaire le palissage abîmé.

Vous n’avez pas pu vendanger qu’allez-vous faire maintenant ?

J’aimerais me mettre au marché à la bouteille. Faire une cuvée de solidarité avec les quelques raisins qui me restent.

Reportage France 3

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Article 1 : Tornade à St-Julien-de-Peyrolas : la solidarité n’est pas un vain mot

Article 2 : Gard : la tempête du 20 juillet a fait d’énormes dégâts

Article 3 :

Les viticulteurs mesurent l’ampleur des dégâts après la mini-tornade.

Il faudra au moins 30 mois pour s’en remettre », explique-t-il, un brin désabusé. Jean-Louis Pansier, président de la cave coopérative de Saint-Marcel-de-Careiret et Saint-André-d’Olérargues ne se berce guère d’illusion. « Aide-toi et le ciel t’aidera » soupire-t-il. Son groupement – 32 coopérateurs -, a perdu 70 % de sa production qui était de 13 000 hl. À Saint-Paulet-de-Caisson, la situation n’est pas plus reluisante. Le vignoble a été fortement impacté, avec une perte sèche annoncée de 5 000 hl pour un potentiel de production de 17 000 hl. Même constat amer à Saint-Julien-de-Peyrolas. Le déficit de récolte est estimé à 9 000 hl sur une capacité de production de 12 000 hl.

« Une assurance grêle c’est 10 % du capital garanti, ça coûte très cher »

Dix jours après le passage de la mini-tornade, l’heure est toujours à l’évaluation des dégâts. Alban, jeune agriculteur en cours d’installation a perdu 30 ha de vignes sur les cinquante que compte son exploitation. Il n’est malheureusement pas assuré, comme 50 % des coopérateurs. « Une assurance grêle c’est 10 % du capital garanti, ça coûte très cher », regrette Jean-Marc Bonnet, président de la cave coopérative de Saint-Paulet-de-Caisson. Mais dans le cas du drame du 20 juillet – deux morts, une Hollandaise et un Français ont été tués par la chute d’un arbre -, les agriculteurs sinistrés espèrent une prise en compte des dégâts causé par le vent, véritable facteur aggravant.
« La grêle, on sait ce que c’est et on peut l’assurer, mais la tornade, on ne sait pas quoi faire », observe ce viticulteur. D’où la doléance faite aux élus des communes touchées par les violentes intempéries. Les sinistrés demandent un classement en calamité agricole en plus de celui de catastrophe naturelle. C’est d’ailleurs chose faite à Saint-Paulet-de-Caisson. Mais Jean-Louis Portal, président de la FDSEA veut aller plus loin. Il souhaite que des exonérations sur la taxe sur le foncier non bâti soient accordées aux agriculteurs.

« On ne peut pas payer de taxe quand on n’a pas de revenu »

« On ne peut pas payer quand on n’a pas de revenu », plaide-t-il. Le patron de la FDSEA exhorte les exploitants sinistrés « à bouger leur maire ». Christophe Serre, premier magistrat de Saint-Paulet-de-Caisson, abonde dans le même sens : « Les collectivités ont jusqu’au 15 octobre pour délibérer sur les exonérations possibles. »

Venu ce mardi, à la rencontre des agriculteurs sinistrés des cantons de Pont-Saint-Esprit et de Lussan, le député Fabrice Verdier a plaidé pour une « union sacrée de tous », exploitants agricoles, MSA, Groupama et les services de l’État, pour mutualiser les mesures d’aides si minimes soient-elles. « Il faut un guichet unique », plaide-t-il. Le député de la 4e circonscription du Gard souhaite la mise en place des prêts bonifiés avec une prise en charge des intérêts par la région.

Reportage France 3

Article MidiLibre

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